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Parmi les méthodes de contrôle du contraste, le masquage argentique est
probablement parmi les plus sophistiquées ou, du moins, parmi celles regardées
avec une certaine crainte.
La suite vous paraîtra probablement compliquée, elle ne l'est en fait pas
vraiment.
Rappelez-vous simplement que partout où vous trouverez des termes techniques et
autres formules vous paraissant obscurs, quelques essais bien manuels et visuels
les remplaceront avec satisfaction.
Le gain pouvant être important, il serait vraiment dommage de s'en priver.
Personnellement, je regrette avoir repoussé cette échéance (par crainte de la
difficulté) aussi longtemps et avoir attendu autant d'années avant de me jeter à l'eau ...
Le temps perdu pour réaliser le masque est largement récupéré par la
facilité de tirage qui s'ensuit.
Le principe de base consiste à placer une autre image (obtenue par contact depuis l'original)
parfaitement centrée sur l'original durant l'exposition du papier.
La masques peuvent être utilisés pour renforcer le contraste de l'original,
dans ce cas le masque va dans le même sens que l'original (positif pour une dia
ou négatif pour un négatif), mais, les masques les plus courants sont destinés
à réduire le contraste du tirage et dans ce cas, ils sont inversés par
rapport à l'original (négatif pour une dia et positif pour un négatif).
Les papiers couleur n'étant que rarement disponibles sous plusieurs
contrastes, c'est devenu une méthode de choix pour ceux-ci.
En N/B (ou pour les rares papiers couleur existant en plusieurs grades), une
particularité de ces masques devient très intéressante: il est possible de
les rendre plus ou moins flous, ce qui permet de réduire le contraste général
de l'image sans modifier le contraste de détail. Du coup, l'utilisation de
papiers à fort contraste devient possible ce qui permet d'augmenter
considérablement l'acutance ou l'impression de netteté du tirage final.
Un avantage non négligeable de ces masques est qu'ils peuvent être conservés simplifiant fortement les tirages ultérieurs.
Il est possible de réaliser des masques au niveau du papier ou au niveau du négatif/dia. Ce dernier permettant n'importe quel rapport d'agrandissement, il est généralement préférable et préféré au premier qui est limité à un seul format de papier.
Travaillant essentiellement en 35mm, la suite est surtout adaptée à ce
format. Les originaux de grand format se travaillent de la même manière si ce
n'est avec plus de facilité mais avec plus de risques de poussières ...
De plus, n'ayant pas la chance de pouvoir disposer d'un passe-vue (genre Condit,
...) suffisamment précis pour permettre de le sortir, changer de masque, le
remettre et retomber exactement où il était précédemment, je me suis limité
au masque unique.
N'oubliez pas qu'il existe plusieurs façons de réaliser ces masques, la suite n'est que ma méthode personnelle, alors n'hésitez pas à l'adapter à vos besoins et, accessoirement, à partager vos trucs et astuces de manière à ce que d'autres puissent en profiter, je compléterai cette page avec plaisir !
On peut jouer sur trois paramètres pour réaliser les masques:
Il existe des films spéciaux destinés au masquage donnant naturellement une
image floue (absence de couche anti-halo notamment) comme le Pan Masking de Kodak mais celui-ci
ne se fait plus qu'en 20x25cm à un prix prohibitif (même si des bruits parlent de sa
réintroduction prochaine en d'autres formats).
A sa disparition, Ilford mentionnait dans une documentation concernant l'Ilfochrome un
film Agfa Gevamask P135P similaire au Pan Masking Kodak, je ne sais si celui-ci est facilement
disponible.
La difficulté de trouver ces films a fait que beaucoup se sont tournés vers
des films courants pouvant servir à cet usage: film de grain très fin, bonne
latitude de développement pour régler son contraste et, pour la couleur, une
film panchromatique aussi neutre que possible (tant pour le support que pour
l'image argentique). Plusieurs
pellicules de basse sensibilité à grains fins, voir grains T ou Delta, sont
envisageables (TMax 100, Delta 100, FP4, ...)
Un filtrage est malgré tout nécessaire pour rectifier la dominante engendrée
par le masque.
Personnellement, j'ai opté, tant pour le N/B que pour la couleur, pour le Kodak
TMax 100 (c'est un film que j'ai régulièrement en stock ...) assez bien adapté à cet usage. Par contre, ce film garde facilement
un aspect rose-violacé si on ne le fixe pas efficacement (5' mini dans un
fixateur rapide) et, surtout, si le lavage n'est pas insistant à outrance, donc
ne rechignez pas sur ce point si vous faites de la couleur ...
Comme révélateur, j'utilise l'Agfa Rodinal (1+50) pour sa simplicité d'utilisation, rapidité de préparation (c'est un liquide), son coût dérisoire et sa bonne conservation mais, à priori, beaucoup de révélateurs films sont utilisables.
Bain d'arrêt, fixateur et lavage sont classiques tout en se rappelant les remarques mentionnées plus haut au sujet de certains films comme le TMax 100.
Voici deux méthodes d'exposition essayées:
Après plusieurs essais avec différentes épaisseurs, j'utilise surtout
un verre de 2mm d'épaisseur.
Les différents verres proviennent de cadres photo tout ce qu'il y a de plus
banals. Évitez les verres anti-réflexions, leur structure pourrait se voir sur
le masque.
N'ayant pas eu de problèmes d'anneaux de Newton, je n'utilise pas de verre
spécial.
Du fait de l'angle d'éclairement de la tête de l'agrandisseur, les rayons
lumineux n'arrivent pas absolument parallèlement sur les films, le masque est
alors très légèrement plus grand que l'original, dans certains cas de masques
trop nets, cet écart peut se voir et créer un effet de bas-relief par
endroits.
Le verre opale (j'utilise du plexiglass blanc translucide) situé juste au-dessus de l'original provoque une forte diffusion, l'espacement entre l'original et le masque est alors réduit à l'épaisseur du seul support de l'original, voir augmenté par l'ajout d'un film clair (film non-exposé/développé et fixé).
La méthode d'exposition n° 2 en images:
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Le chassis est composé d'une plaque de verre
dont la face inférieure est recouverte d'un papier noir. De petites tiges de bois peintes en noir et collées sur le verre permettent de guider le diffuseur. Deux bandes d'adhésif noir servent de rail de guidage pour le film de masquage. En pleine lumière, on place avec de l'adhésif l'original sur le haut du chassis, puis on colle la languette du film de masquage. Dans le noir absolu, le film est déroulé, coupé, puis collé sur le chassis avec de l'adhésif. L'original est rabattu au-dessus du masque, le dépoli est placé au dessus du tout avec des poids pour bien maintenir le sandwich à plat et on expose. |
Ce sont deux principes généraux et plusieurs variantes sont possibles, parmi celles-ci:
Bref, à vous d'essayer toutes ces variantes !
Avec la variante 1 (verre presseur clair et entretoise de 2mm), j'ai réglé la tête de
l'agrandisseur (Leitz Focomat V35) en position aussi haute que possible (rapport
d'agrandissement de 16.5), fermé le diaphragme au maxi (f/16) et introduit un
filtrage neutre (jaune+magenta+cyan) de 150 (sur 200 maxi) qui fait perdre env.
5 diaphragmes.
Par extrapolation (mon luxmètre ne descend pas du tout aussi bas !),
l'intensité lumineuse doit se situer autour de 0.016 lux et l'exposition à
partir d'un néga N/B normal est de l'ordre de 10-15s (ajouter 1-2 diaphs pour
négatif dense, -1 pour négatif léger) et pour une dia normale autour de 13s.
A titre anecdotique, sous cette même intensité lumineuse, mon posemètre de labo m'indiquait un temps d'exposition
de 520s pour atteindre une densité de 0.60 sur du papier Ilford Multigrade IV RC
...
Avec l'expérience,
il est possible de juger de visu assez rapidement quelle exposition et contraste à donner au masque.
Vu le contraste assez faible du masque, il faut varier l'exposition au moins par
valeurs de diaphragme pleines pour obtenir des écarts sensibles.
Autre exemple, pour évaluer l'exposition d'un masque avec mon posemètre
Jobotronic 200, je monte l'original dans le passe-vue, règle la tête à un
rapport et diaphragme prédéfinis, sans filtres, affiche une sensibilité
évaluée à partir des divers essais et obtiens un temps de pose de base. Puis,
je corrige manuellement ce temps de base en fonction de ce que je souhaite.
Autre exemple pour calculer la densité maxi du masque:
Les négatifs couleur, à cause de leur masque orange, demandent une
exposition plus longue ainsi que les dias, du moins celles assez denses.
Toujours pour les négas couleur, certains tireurs filtrent en bleu (90M+60C,
valeurs Kodak CC) pour annuler
l'effet de cette teinte orange dans le masque final.
Il est également possible de filtrer la couleur de la lumière de l'agrandisseur de manière à éclaircir certaines couleurs de l'original. Par exemple, en dias couleur, un filtre rouge va provoquer un masque plus dense pour les teintes rouges donc un tirage également plus dense pour ces couleurs.
Un détail, il ne faut pas oublier de nettoyez le passe-vue ou dérégler légèrement la mise au point pour éviter tout problème de poussières ...
A propos des poussières, c'est de très loin mon principal problème lors de la réalisation de masques, du moins avec le procédé d'exposition 1 ...
Il influe directement le contraste du masque donc du tirage final.
Avec du TMax 100, du Rodinal 1+50 et une agitation régulière (par rotation à
40 tours/min.), la tabelle approximative suivante peut être utilisée:
Gamma | Temps (20°C-68°F) |
0.10 | 1'30" |
0.20 | 3' |
0.30 | 4'30" |
0.40 | 7' |
0.50 | 8'45" |
0.60 | 11' |
On peut bien évidemment évaluer le contraste à donner au masque à l'oeil mais certains préfèrent utiliser un posemètre de labo ou densitomètre. Le gamma du masque peut être calculé selon:
Le problème est que la modification du développement ne modifie pas seulement le contraste du masque mais également sa densité. Il est préférable d'estimer le gamma du masque d'abord puis d'évaluer l'exposition pour obtenir la bonne densité.
Le contraste d'un négatif étant faible, le masque doit aussi l'être.
Le gamma de ce négatif doit être alors aux environs de 0.10-0.30.
Ce développement est très variable selon le contraste du négatif.
Exemple d'un néga N/B assez dense:
Le masque a une densité maxi de xxx et un gamma aux environs de 0.3 (développement 5').
Dans les exemples ci-dessous, on s'aperçoit que le masque permet de monter en grade de 2 valeurs tout en conservant des hautes lumières et basses lumières similaires, par contre, le contraste des tons moyens s'accentue alors notablement exacerbant les détails.
Tirage sans masque, grade 2 | Tirage avec masque, grade 2 |
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Tirage avec masque, grade 3 | Tirage avec masque, grade 4 |
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Les diapositives ayant un contraste bien plus élevé, le masque doit
également avoir un
contraste plus élevé.
Le gamma se situe autour de 0.30-0.60.
Ce développement est très variable selon le contraste de la dia.
Exemple avec une dia plutôt normale:
Le masque a une densité maxi de xxx et un gamma aux environs de 0.6 (développement 11').
Tirage sans masquage, Ilfochrome CLM.1K | Tirage avec masquage sur la même surface |
Pour les diapositives, il est souvent utile de réaliser un masque
intermédiaire pour conserver les hautes lumières.
Pour le réaliser, il faut utiliser un film à fort contraste (Kodalith ou Agfa Ortho 25,
Kodak Technical Pan, Kodak 5302, ...) pas nécessairement panchromatique parce
que les très hautes lumières sont souvent blanches et l'exposer en contact
direct avec la dia sans espacement, c'est donc un masque très net.
Il est exposé uniquement pour ces hautes lumières, donc complètement
transparent sauf pour ces quelques zones où la densité est forte.
Le développement se fait avec un révélateur demi-tons. Certains préconisent
un révélateur assez musclé (Kodak D-11 voir plus contrasté encore) et
d'autres plus doux (Rodinal). Avec les films à fort contraste mais non lith, un
révélateur musclé est conseillé.
Ce masque est ensuite mis en sandwich avec la dia pour réaliser le masque
final, les hautes lumières sont protégées et restent claires sur le masque
final, donc également sur le tirage.
En 35mm, il semblerait que cela crée pas mal de soucis à bien du monde,
d'où la création d'outils permettant de trouer l'original et le masque de
manière à pouvoir les faire coïncider exactement.
Je ne dois pas être dans la normalité parce que je n'ai jamais eu de gros
soucis à les faire coïncider, même lorsque je réalisais des masques très
fins comme lors de l'utilisation d'une simple feuille de tri-acétate (0.08mm
d'épaisseur).
Il faut dire que ma myopie est enfin (!) utile et me permet de les faire
coïncider pratiquement sans utiliser de loupe ...
Ma méthode, bien simple en fait:
Il existe des systèmes de repérage moins coûteux que le système Condit,
par exemple les systèmes de perforation pour caches de dias spéciaux Wess VR
(Variable Register) ou Gepe Pro VR.
Le système Gepe avec le perforateur (réf. 8113) et les cadres de dias ad-hoc
(réf. 6052 pour la boîte de 50):
Après dépoussiérage soigneux des 4 surfaces, on monte le sandwich dans le passe-vue.
L'exposition du sandwich devient beaucoup plus longue que l'original seul, il faudra alors se méfier de l'effet Schwarschild qui demande une exposition rallongée et, pour le matériel couleur, également une modification du filtrage.
Il est bien sûr possible de mixer l'exposition avec d'autres techniques de masquage comme la ré-exposition partielle de certaines zones avec des cartons
Les références suivantes m'ont largement inspiré dans ma quête du Graal et je conseille fortement leur lecture:
Pour le grand format (anglais): http://www.largeformatphotography.info/unsharp/